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Avant tout, je tiens à préciser que je ne suis pas « expert » dans le domaine de la course à pied et du Trail. Je suis seulement un amateur qui va vous raconter un petit peu cette première expérience à propos de ma toute première course qui était un Trail. si vous voulez voir la vidéo cliquez ici !
Mon premier Trail s’est passé à Courchevel le 8 août 2018. Cette course est le X Trail Courchevel. Il y a plusieurs formats pour cette course. J’ai choisi la plus petite distance qui est e 11 km avec un dénivelé de plus de 750 m.
La course à pied ou l’athlétisme ne sont pas mes sports de prédilection. J’ai toujours fait pas mal de sport dans ma vie, mais pas beaucoup de course à pied. Pendant plus de 15 ans, je me battais avec le chronomètre, mais pas sur terre. Depuis mes 6 ans, j’ai pratiqué énormément de natation en club. Vous pouvez retrouver mon parcours plus en détail dans mon tout premier article en cliquant ici !
Ma préparation avant le Trail
Comme vous avez pu le lire dans le paragraphe précédent, j’ai toujours fait pas mal de sport dans ma vie. Autant dire que je ne partais pas non plus du niveau zéro. La pratique de plus de 15 années de natation m’ont permis d’avoir un bon cardio ainsi qu’une bonne maîtrise de mon souffle.
Pour commencer, j’ai démarré par faire un peu de course à pied pendant que j’habitais encore à Courchevel. Dans les stations de montagne, l’hiver est synonyme de ski et l’été est synonyme de randonnée et sport de montagne. C’est à ce moment que j’ai découvert le Trail. Je n’ai jamais été un grand fan de course à pied à la base. Il m’arrivait de courir un petit jogging, mais cela restait très occasionnel (seulement quand il faisait beau 😂).
En revanche, le cadre et l’air de la montagne m’ont donné envie de courir pour exploiter les petits endroits de paradis caché dans les montagnes. Pour vous remettre dans le contexte, j’ai commencé le Trail pendant l’été 2018. Pour ceux qui ne savent pas ce qui est le Trail, c’est la même chose que de la course à pied, à la différence que ce n’est pas de la course sur route. En effet, un Trail se pratique dans des endroits plus naturel comme la montagne par exemple. Il n’y a aucune voiture, des petits sentiers à travers le paysage et les animaux. De plus, on rencontre plus d’obstacle comme des rochers, des pentes glissantes ou des racines.
Mes entraînements
J’ai commencé à pratiquer des séances de Trail début juin. Pour ce qui est de la fréquence, je sortais courir au minimum une fois par semaine. À côté de ça, je faisais de la natation et du renforcement musculaire. Mes séances se faisaient environ à 1550 m d’altitude.
J’alternais mes sorties entre 6 km de distance jusqu’à 12 km. De plus, je faisais des petites séances d’intervalle training sur une pente pour améliorer mon cardio et ma puissance. Par exemple, après échauffement, je me positionnais en bas de la plus grosse pente que je voyais, puis je sprintais sur une distance donnée. Une fois en haut, je redescendais en marchant. Ce genre d’exercices, je le répétais entre huit et dix fois.
Plus je faisais des sorties, plus j’adorais ça. L’air de la montagne, les paysages magnifiques, les petits sentiers au milieu de nulle part.
Mon objectif de départ avant la course est d’arriver dans les trois premier. Si jamais c’est vraiment impossible, je vise le TOP 10. Je sais que c’est très ambitieux, mais c’est ce qui me pousse à dépasser mes limites et à voir jusqu’où je peux aller.
Le jour du Trail
Un début explosif
Une fois le jour de la course arrivé, j’apprends que la distance est légèrement augmentée à cause de travaux (ce qui arrive souvent en station de ski l’été). J’arrive 30 minutes avant la course avec un ami pour bien m’échauffer et me mettre en première ligne de départ. Oui, je sais que c’est ambitieux, mais je suis un compétiteur dans l’âme après avoir fait pas mal de compétitions de natation.
Le top départ retentit et je vois mon camarade de droite partir en sprint alors que le début de la course est une pente très raide. Ni une ni deux, je me place juste derrière lui et le suis pour ne pas le laisser partir. J’arrive en haut de la première pente avec encore beaucoup d’énergie, sûrement due à l’adrénaline et l’excitation. S’en suis une descente également très raide avec énormément de petits cailloux, donc autant vous dire que ça glisse un peu. Sans réfléchir, je laisse mon corps tomber et sprint le plus vite possible pour ne pas lâcher la personne qui est première. Arrivé en bas de la descente, je suis juste derrière lui et nous prenons le sentier qui est sur un petit faux plat montant.
Je me retourne pour la première fois et je remarque que nous sommes seuls devant et que personne n’est derrière. Ça doit faire à peine 1 km qu’on court et mon souffle est déjà très rapide. Avec l’envie de vaincre et mon esprit de compétition, je n’ai pas pris conscience que je me donnais à 100 % depuis le début alors que le chemin pour arriver à la fin est encore long.
Pour l’instant je me sens encore bien, je suis au coude à coude avec le premier. Pendant quelques secondes, je me dis que je vais le dépasser, mais je me calme et reste derrière lui bien sagement. Il a sûrement bien plus d’expérience que moi dans la course à pied.
Le contre coup
Cela fait environ 20 minutes qu’on court et je suis toujours juste derrière le premier. Je n’ai pas trop la notion du temps, car je me suis lancé dans la course sans montre comme je suis encore un novice. Lorsque la prochaine grosse montée arrivée, je me dis que la personne devant moi va ralentir et que je pourrais souffler un petit peu. Je me trompais lourdement. Arrive une très grosse pente et il continue de courir comme si c’était du plat. Épuisé, je commence à ralentir et le laisse partir devant. À ce moment-là, mon mental commence à en prendre un coup.
Généralement, en début de course, je me donne toujours des objectifs très ambitieux qui me poussent à donner le meilleur de moi-même. Je m’étais fixé d’arriver dans les trois premiers au classement général. Voilà pourquoi je ne voulais absolument pas laisser le premier partir tout seul.
Plus je continue de monter, plus je fatigue et plus je ralentis. Je commence à voir une personne derrière moi qui me rattrape. Avec grand désespoir, je me dis que pour l’instant, je suis encore troisième et que je n’ai plus le droit à l’erreur. C’est alors que je me redonne un coup de pied aux fesses et remets un coup de boost dans ma course. Le problème, c’est que la montée n’en finit pas et que j’arrive à bout de force. Complètement épuisé, je me mets à marcher. Peu de temps après, une autre personne me dépasse, puis encore une autre. Dans ma tête, je sais que je n’arriverai jamais à les rattraper. Je suis actuellement cinquième et mon objectif d’arriver dans les trois premiers s’envole. Je m’en veux énormément et commence à désespérer. J’alterne entre la marche et un peu de course, mais mon corps me hurle de m’arrêter. J’ai très chaud, je n’ai jamais ressenti une fatigue aussi extrême, mais je continue.
L'abandon ?
Une fois arrivé sur un semblant de plat, je me remets à courir sans m’arrêter. Le problème, c’est que je suis tellement dégoûté de mes performances que je ne pense qu’à ça. Ce qui tourne dans ma tête sont des phrases comme : « T’es coach sportif et tu n’arrives même pas à tenir ta place. » « Tu fais du sport depuis que t’as 6 ans et pourtant tu n’arrives pas à rattraper les personnes devant toi. » D’un côté, ces pensées me poussent à me donner encore plus, mais de l’autre côté, j’ai la tête qui tourne alors que je pense à peine être à la moitié. (J’étais à peine au premier tiers)
J’ai très chaud, très mal aux jambes et je n’arrive absolument pas à récupérer mon souffle. Je regarde devant moi, et je ne vois rien d’autre qu’un sentier boueux et rocheux qui ne fait que monter. Pour la première fois de ma vie, l’idée d’abandonner traverse mon esprit. Je ne me suis quasiment jamais senti aussi mal pendant une épreuve sportive que ce soit physiquement ou mentalement. Malgré tout, je trouve le courage pour continuer tant bien que mal.
S’en suis une descente qui me permet de récupérer un petit peu juste avant une très grosse ascension vers le point le plus haut de la course. À peine lancé dans la montée, je me remets à marcher. De là, je vois une personne bien plus âgée que moi (un Vétéran 1) me dépasser tranquillement. J’essaye de le rattraper en me remettant à courir, mais mes jambes ne tiennent plus. À ce moment, j’ai de nouveau envie d’abandonner la course. Je sens que je ne vais pas arriver au bout, je vois la pente qui m’attend alors que je suis complètement essoufflé et assoiffé sous ce soleil qui tape. Je pose mon cerveau, ne pense plus à rien et fais juste un pas devant l’autre. Tout ce que je sais, c’est que je suis sixième.
Le second souffle
Pendant que je continue ma course, je me retourne et vois au loin deux personnes qui commencent à me rattraper. Instinctivement, je commence à repartir en alternant environ 5 secondes de petites foulées rapides et 10 secondes de marche. Je sais que la grande descente n’est pas très loin. Au fur et à mesure que je monte, je vois les deux personnes gagner de la distance sur moi. Je me remotive un bon coup et donne tout ce que je peux jusqu’au sommet.
La pente est tellement raide que j’utilise mes mains pour m’aider à monter. Une fois arrivé en haut, je vois la personne derrière moi vraiment pas loin. De fait, je commence à laisser mon corps courir tout seul dans la descente. Je ne sais pas pourquoi, mais à chaque fois que je suis sur une phase descendante, j’ai l’impression de récupérer très rapidement sans fournir beaucoup d’effort.
Je me lance dans la descente en augmentant ma vitesse. Je commence à me ressentir mieux. J’adore les petits slaloms sur ces sentiers très serrés, ça me fait monter l’adrénaline. Je commence à reprendre le contrôle de mon corps et je me sens bien. Sûrement lié à la sécrétion des endorphines que l’on appelle aussi le second souffle. Tout ce à quoi je pense est de regarder le sentier devant moi et accélérer. Tous mes pas sont calculés à l’avance et je ressens cette sensation de l’air qui frotte mon visage lorsque l’on commence à courir vite.
Plus je descends, plus je récupère mon souffle et le plus important, ma confiance en moi. De mon point de vue, la confiance en soi est la chose la plus importante à avoir pour réussir ses objectifs. La descente commence à s’intensifier et le nombre de cailloux augmente sur le sentier. Je sens que mes chaussures glissent un petit peu sur le sol, mais je ne suis pas inquiet. Contrairement à ce qu’auraient fait la plupart des gens, j’accélère encore plus dans ce genre de passage. Sachant que je ne suis pas professionnel dans cette discipline, prendre des risques est ma seule option pour espérer remonter sur les personnes devant moi. Je manque de tomber quelques fois, mais je reste très concentrer sur ma trajectoire et le plus important, je me sens bien. Je ne vois plus personne derrière moi depuis quelques minutes.
Un pas devant l'autre
Enfin, j’arrive sur la dernière descente et je donne tout ce que j’ai pour prendre de l’élan et garder une bonne vitesse pour la suite. J’arrive donc sur le plat avec une bonne vitesse. J’ai à peine eu le temps de tourner la tête que je vois le petit ravitaillement posté sur ma gauche. Ni une ni deux, je ne réfléchis pas et je me dis que si je dois m’arrêter alors que je suis à pleine vitesse, je perdrais beaucoup trop de temps sans compter le temps de se restaurer. J’ignore donc le ravitaillement et continue ma course.
Quelques mètres plus loin, j’arrive même à voir le Vétéran qui m’a dépassé au début de cette grosse montée. J’essaye de le rattraper, mais je me rends vite compte que j’ai poussé mon corps à bout.
Mon souffle commence à s’emballer à nouveau et mes jambes redeviennent lourdes. Afin d’éviter de refaire la même erreur qu’au début, je ralentis légèrement et je me cale sur un rythme régulier. Comme je n’ai pas de montre, je ne sais pas du tout à quelle allure je cours. Ce que je sais, c’est que je veux vraiment finir cette course. Je regarde derrière moi et je ne vois personne. Ça me rassure et je me dis que j’ai sûrement agrandi l’écart entre moi et la personne qui était derrière moi. Le trail commence à me paraître très long, mon cerveau est en mode off, et je continue de courir en pensant qu’à une chose, mettre un pas devant l’autre.
Dernière ligne droite
Au bout de quelques minutes, j’arrive dans un village et je me dis que j’arrive proche du but. Je commence à réaccélérer, mais pas pour longtemps. Le passage dans le village était juste une petite étape rapide. Quelques foulées plus tard, je me retrouve devant une montée aussi raide qu’un escalier. Impossible pour moi de continuer de courir dans de telles conditions. Je jette un coup d’œil derrière moi, je ne vois personne, puis je me lance dans cette montée le pas rapide. La pente est tellement raide que je m’aide de mes mains pour soulager mes cuisses. Je suis trempé de sueur, j’ai très chaud et épuisé, mais j’arrive enfin en haut. Arrivé en haut, je regarde en bas et je vois la personne qui était derrière moi en bas de la pente. Sans hésiter, je me remets à courir sur le sentier devant moi. Je suis tellement fatigué que je fais des efforts pour me concentrer pour suivre les balises et ne pas me tromper de chemin.
Je récupère enfin le petit chemin par lequel je suis passé à l’aller de la course. Une grande satisfaction commence à m’envahir dans l’idée d’avoir bientôt terminé cette course. En revanche, cela fait plusieurs fois que j’ai l’impression d’être au bout, mais j’ai l’impression que c’est interminable. Cette fois-ci, j’arrive vraiment au bout de mes forces physiques. À chaque virage, je me dis que je vais voir la fin, sauf que je ne vois pas la fin. Le temps passe et je me fais même dépasser par la personne qui était derrière moi. Je suis tellement fatigué physiquement et mentalement que ça ne me fait ni chaud ni froid. Tout ce à quoi je pense et à ne pas m’arrêter. Un peu plus loin, je me retrouve devant la bosse par laquelle nous sommes passés à l’aller. Impossible de courir, donc je commence à monter en marchant. À l’aller cette partie m’avait paru tellement rapide comme j’ai sprinté dessus en descendant. Maintenant, chaque pas est une souffrance.
Cela fait maintenant au moins 40 minutes que j’ai l’impression d’être aux limites de mes capacités. Mais mon mental de compétiteur ne me laisse pas me relâcher. Tout ce à quoi je pense depuis tout ce temps est d’avancer, ne pas m’arrêter et finir cette satanée course. Au bout de deux ou trois minutes, j’arrive enfin vers le haut de la pente, je me retourne et je vois des personnes qui commencent à monter derrière moi. Cette fois-ci, c’est hors de question que quelqu’un me repasse devant. Les jambes lourdes et le souffle rapide, je fais ce que je peux pour me remettre à courir pour arriver au sommet. Une fois en haut, je vois la dernière descente juste avant la ligne d’arrivée. Je me laisse emporter par la descente tout en restant vigilant à ne pas tomber juste avant l’arrivée. Je commence à entendre les encouragements des personnes présentes et je me rends enfin compte que j’arrive au bout. Je donne tout ce que j’ai sur les derniers mètres et je passe enfin cette ligne d’arrivée.
Après le trail
Une fois la ligne d’arrivée passée, je ne réalise pas encore complètement. Je suis tellement fatigué que j’ai la tête qui tourne un peu. Je me tourne vers le buffet pour boire un peu d’eau et manger quelques fruits. Cinq minutes après, je suis attrapé par un mail de ventre horrible. Je ne sais pas pourquoi, mais à chaque fois que je suis sur un effort très très intensif, j’ai comme des crampes dans le ventre. Je m’assois pendant 10 minutes, puis ça se calme. À peine relevé, je sens une douleur intense dans mes jambes et j’ai beaucoup de mal à marcher.
Enfin, je me dirige vers le tableau des scores et je vois que je suis arrivé 7 ème au classement général, puis 2 ème de ma catégorie avec un temps de 1:12:19. Cliquez-ici si vous voulez voir le tableau des résultats.
Sur le coup, je ne réalise pas vraiment encore le résultat que je viens de faire. Mais par la suite, je suis quand même fier de moi de ne pas avoir lâché malgré toutes les difficultés rencontrées. Mon classement reste bien, je n’ai pas réussi à être dans le top 3, mais je suis dans le top 10 donc je suis satisfait.
Pour conclure
Pour conclure, je suis rentré et je suis allé tant bien que mal faire un hammam et un sauna pour bien récupérer suivit d’un bon bain froid et d’une douche finlandaise ! Je vous assure, il n’y a rien de mieux que le froid pour la récupération.
En revanche, j’ai quand même eu du mal à marcher pour le reste de la journée 😅. Mais bon ce n’est pas grave, au moins je n’ai aucun regret, j’ai vraiment donné le maximum pour cette course. Lorsque je suis en compétition avec d’autres, je me donne toujours à 100 % pour n’avoir aucun regret une fois l’épreuve terminée. Pour moi, c’est encore plus important que le résultat.
Donnez-vous à fond dans tout ce que vous faites, même si vous avez des échecs, un jour ou l’autre, ça paiera. Il n’y a rien de plus désagréable d’avoir le regret de ne pas avoir fait mieux alors que c’était possible.
Voilà, c’est tout pour cet article. Je vais sûrement en sortir un prochainement pour résumer ma première course de 10 km sur route.
Sportivement,
Lukas
Voir la vidéo qui résume cette course :
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